C’est la première fois que le comité national de gastronomie tenait ses assises, à Agen, afin d’arbitrer la finale du concours de la Poêle d’or 1969. Cette compétition, portant sur dix-sept départements du Sud-Ouest, avait groupé au départ quatre-vingt-cinq restaurateurs choisis sur les grands guides spécialisés, sur les chemins bordés d’étoiles ou de fourchettes. Chacun d’eux avait dû proposer par écrit des recettes plus ou moins personnelles et inédites. Quatorze avaient été sélectionnés avant un ultime « triage » qui ne laissait finalement en compétition que trois concurrents : M. Pierre Arnal, de « L’Auberge du Puits », à Souillac (Lot); M. Edgard Geneste, de l’hôtel Royal Gascogne, à Bordeaux, M. Bernard Mirgon, de « Chez Boron à Arcachon. Le jury chargé d’arbitrer cette « conférence au sommet » et présidé — noblesse oblige — par M. André Hurtrel, déjeuna au restaurant « Le Quercy » et comprenait en plus des personnalités locales M. Breuil, directeur du cabinet de M. le préfet; M. Louis Jamet, président de l’A.D.T.; M. Rabat, conseiller municipal, représentant M. le maire; les représentants de la presse régionale et locale; des grands noms de la gastronomie; M. Edouard Longue, président d’honneur de l’Association française de la presse gastronomique et touristique; M. Henri Clos-Jouve, président des chroniqueurs de la presse gastronomique, et plusieurs « maîtres » dont les noms chantent aux oreilles de nos compatriotes; M. Terrade, de la « Vieille Auberge », à Casteljaloux; M. Courrègelongue, de « La Prune », à Villeneuve-sur-Lot; M. Gardeil, de l’hostellerie Saint-Philippe, à Saint-Nicolas-de-la-Balerme, et M. Castéra, du restaurant « Le Quercy », à Agen. Histoire de se placer dans l’ambiance voulue, les membres du jury déjeunèrent au restaurant « Le Quercy » où ils apprirent — s’ils ne le savaient déià —les raisons de ce tournoi. Ils purent ensuite savourer un délicieux repas, et peut-être plus encore apprécier « la leçon d’anatomie » dispensée par M. Edouard Longue, qui, à la façon d’un légiste pratiquant une autopsie. ne laissa rien dans l’ombre, ni de la qualité des mets ni de la saveur des vins du terroir, qu’ils proviennent de Buzet ou de Duras. Nous confessons pour notre part que le fait d’avoir écoute le « professeur » Edouard Longue sera de nature à nous décourager à tout jamais de parler de gastronomie. Ce fut ensuite, au lycée technique de jeunes filles, le concours proprement dit qui permit aux candidats de soumettre leurs spécialités aux examinateurs consciencieux et pleins d’une évidente bonne volonté, les spécialités dont ils tirent à juste titre fierté. M. Bernard Mirgon offrit la soupe aux perles du bassin et « Les Vendangeurs en surprise »; M. Edgard Geneste proposa le homard aux pruneaux et le poulet grillé « Marie-Galante »: M. Pierre Arnal présenta « Le Coussin de poularde à la quercynoise » et « Le Délice du chef au rhum ». Infatigable, M. Edouard Longue fit précéder chaque mot d’une analyse extrêmement fouillée de sa composition et de sa présentation… Histoire peut-être de mettre en état de réceptibilité des estomacs plus ou moins saturés. Mais chaque membre du jury remplit avec application sa mission et, finalement, ainsi que devait le proclamer au Lido. au cours d’un cocktail qui réunit un grand nombre de personnalités, M. André Hurtrel. La Grande Poêle d’or 1969 a été attribuée au Souillagais Pierre Arnal, les deux autres Poêles d’Or revenant à M. Geneste et à M. Bernard Mirgon. Il va sans dire que M. Edouard Longue s’acquitta avec bonhommie et rondeur — et plus encore avec une compétence que nul ne saurait contester — de ses devoirs de rapporteur, parlant avec tant d’aisance de la gastronomie, de la qualité de la compétition qui venait de se dérouler que, finalement, en l’écoutant. même les membres du jury éprouvaient le besoin de se remettre à table. Indiquons encore qu’en plus de trois lauréats qui se virent remettre des Poêles d’or, des diplômes d’honneur furent remis à des concurrents dont la qualité des recettes proposées méritait d’être récompensées : M. Fischer, hostellerie de Canastel, 64 – Jurançon. M. Bailly, hôtel de l’Océan 17 – Châtelaillon. M. Baboulène, Le Chalet fleuri, 46 – Gramat. M. Barre, grand hôtel Océanic, 17 – Royan. M. Charrassier, chemin des Blanchardes, 17 – Saintes. M. Boussac, hôtel de la Terrasse, 46 – Lacapelle-Marival. M. Boneau, restaurant Boneau, 40 – Mezos. M. Peyret, 40, avenue Joffre. 65 – Tarbes. Mme Benoît, « Le Soubise », 17 – Soubise. Mme Félix, rôtisserie de la Sagesse, 24 – Périgueux. M. Palladin, « La Table des Cordeliers », 32 – Condom.
Les lauréats pendant la remise des prix. Le grand vainqueur, M. Pierre Arnal, est le premier, à gauche.